16/02/2009 Comme on le constate, nous en sommes revenus à nos conseils du début : il s’agit de manger de tout un peu, sans trop d’idées préétablies, en se laissant guider par ses envies, ses sensations de faim et de satiété. Dans bien des cas, cela suffit pour perdre du poids, mais pas toujours. Comme je l’ai dit plus haut, les personnes à la génétique défavorable ou au métabolisme abaissé devront rester sur leur faim afin de parvenir à perdre du poids. Dans ce cas, il convient, plus encore que pour d’autres, de ne pas brusquer les choses, voire de reconsidérer le problème dans son ensemble. Enfin, lorsque ces principes de grand-mère, manger lentement, à petites bouchées, déguster et profiter de ce que l’on mange, ne pas manger plus que sa faim et même sortir de table sans être totalement rassasié, se révèlent impossibles à mettre en pratique, lorsqu’on cherche à se remplir de nourriture, à masquer toutes sortes de difficultés de vie au moyen de sensations alimentaires intenses, l’accent devra être mis sur le travail psychologique.
Vivez votre vie sans attendre. En fait, je vous ai trompé sur la marchandise : on me demandait des conseils pour " bien manger et rester mince " et au lieu de répondre à cette question, j’ai proposé une évolution plus radicale, une mutation en profondeur sans grand rapport avec l’équilibre diététique. C’est qu’en fait, mincir, rester mince ne sont qu’accessoirement des problèmes diététiques. Cela nécessite en réalité de nombreux remaniements. Il faut pour cela abandonner nombre de stéréotypes sur les régimes et les méthodes amaigrissantes, prendre le temps d’écouter les messages adressés par son corps, apprendre à reconnaître et à tenir compte de |
la faim ou la satiété, savoir les différencier d’envies de manger d’origine psychologique. Cesser de recourir à la nourriture pour faire face à toutes sortes de difficultés, affectives, relationnelles et existentielles, oblige à trouver d’autres formes de réponses à ces problèmes que, jusque là, on noyait sous des flots de nourriture. Mincir crée aussi des nouveaux problèmes : cela implique dans bien des cas qu’on se resexualise. La personne en surpoids, qui se vivait jusque là comme asexuée et incapable de séduire, est confrontée à ses désirs ainsi qu’à ceux des autres. Qu’en faire ? Elle se sent aussi davantage en droit de faire valoir ses points de vue, à mieux défendre ses intérêts, à s’affirmer davantage. Certes, tout cela est bien, sauf quand, ivre de minceur, on se met tout d’un coup à dire leurs quatre vérités à sa famille, son conjoint, ses amis, ses employeurs… La vie de mince n’est pas toujours aussi idyllique qu’on le supposait. Après tout, il existe de par le monde plein de gens minces et malheureux, et on ne fait là que rejoindre le lot commun. Certes, avoir réussi à mincir est une performance dont il y a lieu d’être fier (d’habitude, on écrit un livre et on passe à la télévision) mais le plus dur reste à faire : s’enraciner dans la minceur et vivre sa vie de mince. Ou bien, si l’on préfère, accepter son surpoids et vivre sa vie de gros, choix tout aussi estimable… Articles parus dans le Hors Série 60 millions de consommateurs, Institut National de la Consommation, N°97, août-septembre 2000. POUR EN SAVOIR PLUS : APFELDORFER G. Anorexie, boulimie, obésité. Flammarion Ed. Paris, 1995 APFELDORFER G. Maigrir, c'est dans la tête, Odile Jacob Ed. Paris, 1997 |